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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 14:30

Les fêtes organisées samedi et dimanche par le cercle du Réveil du Sud ont été favorisées par un temps splendide et ont obtenu un très vif succès.

Qu’est-ce, au juste, le Réveil du Sud ?

C’est un groupe formé par divers habitants du quartier Saint-Michel et Saint-Agne, qui veulent travailler à donner, à ce quartier, plus de vie, d’activité et de richesse, « comme qui dirait » un syndicat d’initiative de quartier.

La besogne ne manque pas.

Vous avez certainement remarqué, en effet, que la vie se déplace toujours vers l’Ouest ; ce mouvement, sensible dans la plupart des villes, est très caractéristique à Toulouse. Le centre de notre cité a été tour à tour à Pech-David, puis au château Narbonnais (aujourd’hui le Palais de Justice), puis au Capitole, et maintenant il va plus loin. Il est déjà à Lafayette et aux boulevards. Quand on pense aue Saint-Sernin fut si longtemps hors les murs vers l’Ouest ! Nous voilà loin de Sainte-Agne – illustre par la métairie de Goudouli, la métairie avec deux paires… de poulets.

Hé bien ! Le Réveil du Sud veut réagir contre ce mouvement mystérieux, fatal et séculaire. Et, ma foi, il obtient des résultats étonnants ; hier, en plein mois de septembre, il a réussi à attirer plusieurs milliers de Toulousains au terrain des Récollets, au niveau de l’ancien couvent du Calvaire !

Je sais que diverses causes ont facilité sa tache. D’abord la construction de la caserne Saint-Agne a rendu de l’animation depuis quelque temps à un quartier un peu délaissé. Puis, l’installation de la nouvelle ligne de tramways électriques aide singulièrement la foule à se transporter vers l’Est et à faire la nique à une loi historique. Mais le Réveil du Sud n’a rien négligé non plus ; il y a eu des affiches, de la publicité, des réclames alléchantes et des retraites aux flambeaux, et des salves d’artillerie, et des attractions multipliées.

En somme, hier dans l’après-midi, c’était un public très nombreux, très élégant, très gai, qui circulait dans le vaste terrain des Récollets. Un soleil de plomb, par exemple ; mais il devait contribuer aux bonnes affaires de la Kermesse et au débit des consommations. Entre les buvettes improvisées, divers spectacles ; arènes athlétiques, concert en plein vent et surtout, surtout, un grand concours de diabolo, organisé à la perfection par les Galeries parisiennes et dirigé avec beaucoup de tact par M. Fernand Soulié.

La vogue du diabolo ! Voilà encore le résultat d’une loi fatale et inexplicable ! Comment et pourquoi un jeu, fort ancien, que nos grand’mères connaissaient et qui, jusqu’à présent n’avait follement amusé personne, est-il devenu, tout à coup, en l’an de grâce 1907, une passion, une fureur, une contagieuse manie ? Expliquez-moi, si vous pouvez, pourquoi tous les Français ressentent, à l’heure actuelle, un irrésistible besoin d’agiter deux bâtons pour faire sauter en l’air un double petit disque ? Mystères – Mystères encore ! Sujet de méditations austères pour les philosophes inoccupés !

Quoi qu’il en soit, les concurrents groupés par les Galeries parisiennes ont révélé beaucoup d’adresse et de grâce, tandis que, là-bas, l’excellente musique de l’Ecole d’artillerie versait de l’héroïsme au cœur des citadins. Certains des lauréats du concours se sont révélés des artistes en diabolo tout à fait prodigieux ; on leur a fait des succès très mérités, comme à de forts ténors ou à d’intrépides toréros.

A 5 heures, une rapide bataille de fleurs – je dis rapide, car ce qui y manquait le plus, c’était les fleurs – a été néanmoins très brillante et animée ; beaucoup de voitures et d’automobiles fleuries, quelque-unes fort originales ; le commandeur Cazeneuve avait organisé un char romain très pittoresque, orné de boucliers et de glaives antiques, et que conduisait Mlle Desolanges, sa célèbre élève.

Que tout le programme ait été rigoureusement exécuté, je n’en jugerai pas. On a réclamé un concours de beauté qui ne m’a pas semblé venir ; le concours d’ombrelles fleuries a suivi son exemple. Néanmoins, il y a eu beaucoup de gaité, beaucoup d’entrain, et c’était là sans doute l’essentiel.

Avant la fin de l’après-midi, Mlle Desolanges a déclamé, sur le théâtre en plein air, un à-propos de M. Pierre Fons, qui nous a paru fort harmonieux et éclatant. Le jeune maîte ès-Jeux-Floraux, dont la mise jadis un peu hautaine se mêle maintenant aux vastes auditoires et aux fêtes populaires, a obtenu beaucoup de succès.

La fête de nuit a été extrêmement brillante. A l’heure où nous traçons c’est lignes, elle doit continuer encore à battre son plein. – Le Réveil du Sud et les organisateurs de ces fêtes, décidément, accomplissent des choses extraordinaires. Pourvu que leurs succès n’aillent pas trop loin et qu’ils ne fassent pas rebrousser chemin à la Garonne !...

A.P.

(L’Express du Midi – 23 septembre 1907)

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