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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 15:13

Au cours de la nuit dernière, les quartiers de Saint-Agne et de Rangueil ont été le théatre de sanglants évènements. Pendant la fête de Rangueil, un homme a été assailli à coups de tessons de verre par un groupe de jeunes gens et deux heures après ont été mitraillés par un automobiliste, et l'un d'eux, qui a eu le foie et le rein traversés par une balle, est dans un état très grave.

 

Une première bagarre.

Dimanche, à 11 heures, la « refête » du quartier de Rangueil, qui de déroulait sur la place des Avions, battait son plein.

Parmi les assistants, se trouvait M. François Garcia, âgé de 25 ans, chaffeur d'auto au service de M. Enrico Ruiz, et demeurant 44 place d'Italie. Il faisait partie du comité organisateur et veillait à la bonne marche de la fête.

Soudain, son attention fut attirée par un attroupement qui venait de se former à proximité d'un café. Il se dirigea aussitôt de ce côté pour se rendre compte de ce qui venait de se passer.

Un petit différent, comme cela se produit quelquefois au cours des « baloches », venait de s'élever entre deux groupes de jeunes gens et menaçait de dégénérer en bagarre. M. Garcia voulut alors s'interposer et exhorta les antagonistes au calme.

Mal lui en prit ! Deux de ces derniers, Jean Costes, 25 ans, ouvrier en chaussures, demeurant 50 rue du Férétra, et Paul Saccareau, 26 ans, manoeuvre, 11 allée Saint-Michel, qui se trouvaient alors en compagnie de Jean Cevennes, âgé de 24 ans, demeurant allée Saint-Agne, se jetèrent sur lui, le précipitèrent à terre, et avant qu'il eut le temps d'esquisser le moindre geste de défense, le frappèrent sauvagement à coups de tessons de verre.

Le garde champêtre du quartier intervint aussitôt et mit fin à cette scène de violence. Blessé au visage et aux épaules et perdant son sang en abondance, Garcia déclara tout d'abord ne pas vouloir porter plainte.

Il fut alors transporté à l'Hotel-Dieu, à l'aide de l'ambulance municipale, et admis salle Saint-Lazare. Son état, bien que sérieux, n'inspire aucune inquiétude.

L'incident paraissait clos, et la fête reprit.

 

Des coups de feu dans la nuit.

Mais la nouvelle de cette agression s'était répandue dans le quartier comme une trainée de poudre et était parvenue aux oreilles d'Antonio Ruiz, âgé de 32 ans, limonadier, place d'Italie et 50 avenue des Docks (avenue Aristide Briand), frère du patron de M. Garcia.

Y avait-il entre lui et les agresseurs une vieille rancune ? Avait-il été l'objet de la part de ces derniers, comme il l'a déclaré, de menaces de mort ? Les jeunes gens avaient-ils, lors de la précédente fête sur la place d'Italie, commis de dépradations chez lui, comme certains habitants du quartier l'ont prétendu, et avait-il gardé contre eux un vif ressentiment ? Et cette bagarre fut-elle, dès lors, le fait décisif qui détermina la volonté de vengeance ? Autant de points que l'enquète s'efforcera d'éclaircir. En tout cas, dès qu'il eut connaissance de la bagarre, il monta dans sa voiture et partit à la recherche des agresseurs de l'ouvrier de son frère. Après avoir roulé pendant plus d'une heure, il circulait sur l'allée Saint-Agne, en direction de ville, lorsque, au coin de la rue Capus, il crut les reconnaître dans un groupe de jeunes gens qui rentraient chez eux.

Il y avait là, notamment, Sacarreau, Cevennes, en compagnie de deux camarades: Jean Rivals, 19 ans,  charpentier en fer, demeurant 90, chemin Saint-Roch et Roger Bernard, 21 ans, ouvrier à l'O.N.I.A,  domicilié 17 rue de la République.

Il était 1 h.30 du matin, les jeunes gens se séparer. L'automobiliste ralentit son allure, se rapprocha du groupe et quand il fut à sa hauteur, « se croyant menacé », a-t-il dit par la suite, il tira le revolver qui se trouvait dans la poche d'une portière et par sept fois fit feu sur les jeunes gens, puis il accélera son allure et disparut en direction du chemin du Préfet.

Bernard fut atteint aux orteils du pied gauche; Cevennes eut le bras droit traversé, et Rivals fut grièvement atteint à l'abdomen. Seul Sacarreau qui avait eu la présence d'esprit de se coucher ne fut pas touché.

Un automobiliste de passage transporta les blessés à l'Hotel-Dieu. Après avoir reçu les premiers soins, Cevennes rentra chez lui. Ses deux camarades furent hospitalisés salle Saint-Lazare.

Rivals, le plus gravement atteint, fut opéré d'urgence par les docteurs Pommepuy et Dambrin fils. Il avait eu le foie et le rein traversés et son état est considéré comme très grave.

 

La police à l'oeuvre

La police fut avisée, M.Brezet, commissaire du sixième arrondissement, et M. Blaise, chef de la sureté, se rendirent au chevet des blessés et ouvrirent aussitôt une enquête.

Les policiers parvinrent très rapidement à reconstituer la génèse du drame et identifièrent l'auteur des coups de feu.

L'inspecteur Dhers, le brigadier Ramondou, le sous-brigadier Loubère et l'agent Castagné agissant sur les directives de leur chef, arrétèrent, dès 5 heures du matin, Antonio Ruiz qui était tranquillement allé se coucher.

Poursuivant leurs investigations, les enquéteurs arrêtrèrent également les agresseurs de Garcia: Sacarreau et Costes. Ces deux individus ont été reconnus par leur victime, mais prétendent n'avoir pas frappé avec des tessons de verres. Toutefois, les blessures de Garcia ne peuvent avoir été provoquées qu'avec un objet de cette nature.

Les trois individus ont été présentés, dès lundi matin, à M. Molinier, juge d'instruction et écroués à Saint-Michel ; Ruiz sous l'inculpation de tentative de meurtre, Sacarreau et Costes pour coups et blessures graves.

Sur les lieux du drame on a retrouvé les douilles de spet balles ; L'arme, un pistolet automatique de 7 m/m 35 a été saisie et sera déposée au greffe de tribunal, ainsi que les tessons de verres utilisés par les agresseurs de Garcia.

L'enquête est activement poursuivie en vue de déterminer les causes profondes du drame. Diverses comminssions rogatoirs ont été lancées par le juge d'instruction.

(La dépêche – 9 juillet 1935)

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