Fête inaugurale
L’Amicale Laïque de Saint-Agne inaugurera son association le 10 avril prochain, à 14h30, dans la magnifique salle du cinéma Alcazar, gracieusement mise à sa disposition par la direction. Un concert de choix exécuté par nos différentes écoles du quartier avec le concours de la chorale mixte de Saint-Simon clôturera cette solennité. La commission invite toute la population des quartiers Saint-Agne, Saint-Roch, Rangueil, Champ-du-Loup, Récollets, Empalot à venir assister à cette manifestation laïque et, par sa présence apporter les encouragements à cette jeune organisation pour la continuité de l’œuvre à laquelle elle s’est vouée. Un gouter sera offert aux jeunes élèves des écoles de notre quartier et le programme de la fête sera gracieusement distribué dans la salle.
(Midi Socialiste – 3 avril 1932)
Le discours de notre ami Bedel à la fête de l’Amicale Laïque de Saint-Agne
C’est un évènement dans ces vieux quartiers Saint-Agne et Saint-Roch que cette petite fête inaugurale de l’Amicale Laïque. C’est tout d’abord timidement et une poignée de bonnes volontés qui ont pris l’initiative et avaient pensé qu’il était nécessaire qu’à côté du corps enseignant, celui qui ouvre les cerveaux et les développe à la lumière du savoir, il y eut, pour les seconder dans leur labeur ingrat d’une part et si réconfortante de l’autre, des bonnes volontés qui se sont fait jours pour compléter, continuer sur un autre plan le travail si nécessaire des maîtres du corps enseignant.
Notre raison d’être se justifie et les réalisations si utiles, si importante réalisées par les autres amicales laïques qui nous ont devancé.
L’ Amicale Laïque de Saint-Agne est jeune, mais son activité n’a pas boudé à la besogne, elle a obtenu la création de classes supplémentaires, indispensables à nos maîtresses et à nos enfants, une meilleur organisation de la bibliothèque, la construction d’un préau à l’école annexe. Nous sommes intervenus, dans la mesure de nos moyens financiers, dans la fête si sympathique de l’arbre de Noël.
Continuant nos efforts vers la réalisation de notre programme, nous avons assuré la garderie des jeudis pour les tout petits. Les parents, pris par la nécessité de l’éxistence, étaient dans l’obligation de laisser la garde de leurs enfants à des tiers et parfois les laissaient livrés à eux-mêmes.
Tout cela est un commencement ; le programme est vaste dans le domaine matériel et également dans le domaine moral.
Amicale laïque : ces deux mots représentant tout un programme dans le domaine des réalisations matérielles. Nous avons du concours de tous les laïques et des parents de nos chers élèves. Dans cet ordre d’idées, dans une certaine mesure, il ne nous a pas fait défaut, et il m’appartient en premier lieu de remercier, au nom de l’amicale, les membres honoraires qui, en nous honorant de leur confiance, nous ont aussi réservé leur concours financier.
Dans l’ordre moral notre tache sera peut-être plus ardue, plus difficile ; nous le savions par avance.
L’École Laïque par ses programmes d’instruction, d’éducation toute imprégnée de cette mentalité qui correspond si bien aux sentiments de tout Français ; par tout les résultats obtenus, nos maîtres devraient être honorés et respectés. Bien souvent, cela ne s’est pas passé ainsi ; la calomnie, la poursuite de réalisations de but philosophique contraires à ce que nous appellerons l’intérêt intellectuel du peuple, ont fait que l’École laïque et ses maîtres ont été souvent injustement attaqués et parfois frappés.
Munis de cette instruction, de cette éducation que nous avons reçu nous même et qui nous a donner les moyens de discerner, de juger l’esprit critique, qui nous permet de confronter les idées entre hommes de bonne volonté, nous pouvons nous prononcer par la raison et en toute indépendance.
Ce sont les motifs qui feront que nous serons, dans l’ordre moral, les pratiquants des leçons de nos maîtres et maîtresses, mais aussi les défenseurs ardents et irréductibles de l’École laïque et, de ce fait, du corps enseignant et de nos chers enfants.
Les générations se succèdent, nos pères étaient en général presque tous illéttrés et restaient de se fait une proie facile dans les embûches de la vie ; les vôtres mes chers enfants savent quelques choses, ils peuvent juger, discerner, ils ont plus de facilité, il faut le dire, pour se libérer souvent des attaques, des embûches dont l’organisation humaine traîne encore le boulet. Certains des nôtres, et ils sont nombreux, se sont élevés dans l’ordre social et économique par leur travail, et cela grâce à l’école laïque et obligatoire. Le plus grand nombre d’entre eux ont apporté dans les rouages de l’humanité ce vent de fraternité humaine qui nous dirige vers un avenir meilleur. Aidons, continuons le travail purificateur et bienfaisant de nos devanciers ; l’Amicale de Saint-Agne ne faillira pas à ce devoir.
Maintenant, mesdames, messieurs, mes chers enfants, nous en aurons terminé ; cette petite fête organisée par vos vrais amis, commencera bientôt. Vous entendrez les tout petits, qui rentrent dans la vie et chez qui nul souci ne vient troubler la quiétude de l’avenir. Ceux qui ont commencé à se rendre compte des efforts à accomplir, des difficultés à surmonter pour atteindre au résultat de l’effort donné par vous et par nos maîtres et maîtresses ; cela mes chers amis ne sera pas perdu.
L’instruction, l’éducation, c’est l’arme et le bagage indispensables pour soutenir la lutte permanente de la vie. Vous entendrez également ceux qui ont aussi bien travaillé, qui continuent et qui se destinent à instruire, à éduquer les prochaines générations ; aimons les ces maîtres, ces futurs maîtres qui sont destinés à faire de nos enfants des hommes, des femmes de devoir.
Votre amicale à fait le possible pour ne rien oublier. Un petit goûter sera distribuer par ces soins, la séance un peu longue nous a fait se devoir et je ne doute pas que vaillant à l’étude, vous ne serez pas moins à ce modeste goûter. Toute cette préparation, cette organisation, nous la devons à notre camarade Busca, c’est l’agent d’exécution du conseil d’administration. Nous le remercions pour son dévouement sans limite à notre œuvre.
Vous êtes ici dans une maison qui a été construite par nos ancêtres ; en ce temps là, il n’existait pas d’amicale laïque ; les fondements en sont solides et toute la construction également à plusieurs siècle. Elle résiste aux intempéries, ne craignez pas qu’elle s’effondre. Vous y êtes en toute sécurité.
Matériellement et spirituellement en des temps reculés, les fidèles s’y sont réunis ; en d’autres temps on y a donné des soins aux malades ; au temps modernes, c’est un lieu de spectacle. C’est grâce à la bienveillance de MM. Carpentier et Vidal, locataires de la salle qui sans souci de la perte que leur occasionne notre inauguration, ont bien voulu la mettre à la disposition de l’Amicale. En son nom, qu’il me soit permis de les remercier en les assurant de notre reconnaissance.
Monsieur le préfet je vous remercie pour le très grand honneur que vous nous avez fait et qui nous démontre qu’à côté des nombreux devoirs de votre charge, vous avez su trouver le temps nécessaire en venant nous apporter votre concours si précieux, de l’intérêt bienveillant donné par le représentant du gouvernement à l’École que s’est donnée librement le peuple français.
Je remercie M. le Maire et M. Julien, adjoint à l’instruction publique, qui ont su toujours reconnaître le bien-fondé de nos doléances et y donner satisfaction. Nos remerciements vont également à M. l’Inspecteur d’Académie, auprès duquel les œuvres laïques trouvent toujours un concours dévoué et éclairé. Merci aux maîtres et maîtresses du corps enseignant, à M. Pic, directeur de l’École Normale dont le concours entier ne nous a pas manqué. Nous sommes heureux que les circonstances nous aient permis de posséder notre respecter président d’honneur, député de la première, M. Bedouce qui toujours en sentinelle avancée, a su défendre et veiller aux droits acquis de l’École Laïque.
Si a cette première et modeste fête, quelques concours nous ont fait défaut, par ce que nous appellerons un contre-temps fâcheux provoqué par des principes, des idées émises et opposées à la pensée laïque, nous avons pensé que nous devions passer outre. Pour que notre œuvre remplisse sa mission totale, nous pensons qu’il nous faut le concours intégral de tous nos maîtres et maîtresses d’école, ceux des parents et de nos chers élèves ; nous comptons sur vous tous. En faisant chacun en ce qui nous concerne, notre devoir, pour le bien, le progrès, le développement de nos écoles laïques, chacun de son côté aura bien mérité du pays et de l’humanité.
(Midi Socialiste – 13 avril 1932)